Le building de la Lloyd's
Tous les matins, je passe sous cet atrium de verre et de métal et je pense que ma journée n’est qu’un éternel recommencement. Métro, boulot, dodo : ces trois mots sont des boites de verres et de métaux. Je me laisse trimbaler de boites en boites, chaque boite ayant une fonction particulière, chaque boite n’étant qu’une homothétie de la précédente. Mais celle sous laquelle je lève les yeux tous les matins est différente, elle est comme une parenthèse dans ma journée, elle élargit mon imagination.
Tous les midis, je passe sous cet atrium d’architectures et d’ossatures métalliques et j’imagine les futurs archéologues qui découvriront cette arche ensevelie sous des tonnes de sédiments. Ces archéologues qui échafauderont des théories pour en comprendre l’utilité et qui se tromperont peut-être aussi lourdement que leurs paires qui ont créé des géants à défaut de connaître l’existence des dinosaures. Ces archéologues qui classeront sans doute mon pauvre squelette avec les milliers d’autres homo sapiens sapiens de leur collection.
Toutes les après-midi, je passe sous cet atrium d’ombre et de lumière et je me vois peignant cette voûte à la manière de Michel-Ange sur la chapelle sixtine. A plusieurs mètres du sol, je dessine les contours d’un dieu tendant sa main pour toucher du doigt sa création, regardant ces êtres faits à son image et s’amusant des efforts déployé pour arriver jusqu’à lui.
Tous les soirs, je passe sous cet atrium de transparence et de et je lève les yeux vers les étoiles, ces étoiles pleines de promesses et de désespoirs. La promesse de leur nombre qui nous réserve d’innombrables surprises et le désespoir de leurs éloignements qui nous ramène à nos propres limites. Aimanté que nous sommes à une grosse boule d’énergie qui attirent tout à elle et qui s’effondre en même temps sur elle-même.
Les images de la nouvelle ont été créées à partir cette source